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Mais, Socrate, ton raisonnement n’est pas juste, car cette science est par sa nature bien différente des autres, qui elles-mêmes ne se ressemblent pas les unes aux autres, et tu pars de ce principe que toutes sont semblables. Dis-moi, où trouver des produits de l’arithmétique et de la géométrie, comme nous voyons dans une maison le produit de l’architecture, et dans un manteau celui de l’art du tisserand, et ainsi dans une foule d’ouvrages que nous devons à beaucoup d’arts ? [166a] Peux-tu également montrer des produits de ces sciences ? Non, sans doute.

Tu as raison, lui dis-je ; mais du moins, je te puis montrer de quoi chacune d’elles est la science, et qui est toujours autre chose que la science elle-même. Ainsi l’arithmétique est la science des nombres pairs et impairs, de leurs rapports et de leurs combinaisons, n’est-ce pas ?

Il est vrai.

Mais le pair et l’impair est assurément autre chose que l’arithmétique elle-même ?

Se peut-il autrement ?

[166b] La statique est la science de la pesanteur, mais la pesanteur n’est pas la même chose que la statique. Tu me l’accordes ?

Très volontiers.

Dis-moi donc de quoi la sagesse est la science, qui soit autre chose que la sagesse elle-même ?