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sage c’est faire ce qui nous est propre, et qui convient ensuite qu’en faisant ce qui est propre à d’autres, on peut aussi être sage.

Suis-je donc convenu, dit-il, que ceux qui font ce qui est propre à d’autres sont sages, ou bien ceux qui travaillent à ce qui est propre à d’autres ?

[163b] Mais, je te prie, n’est-ce pas chez toi la même chose, faire une chose et y travailler ?

Point du tout, répondit-il, pas plus que travailler et s’occuper. J’ai appris cela d’Hésiode[1], qui dit : Il n’y a aucune honte dans l’occupation. Crois-tu que s’il eût entendu par s’occuper et faire, les choses dont tu parles, il aurait prétendu qu’il n’est honteux à personne de fabriquer des sandales, de vendre des poissons salés, d’être assis à une boutique ? Non, Socrate ; je crois bien plutôt qu’il mettait une différence entre travailler et s’occuper et faire, [163c] et qu’il pensait qu’il peut y avoir de la honte à travailler à une chose où le caractère du beau n’est pas, tandis que s’occuper n’est jamais honteux. Or, travailler dans un but utile et beau, voilà ce qu’il appelait s’occuper, et c’étaient les travaux de ce genre qui lui paraissaient des occupations, des actes. C’est là seu-

  1. Hésiode, les Œuvres et les Jours, v. 311.