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Glaucon, n’est pas pour faire honte à aucun de tes ancêtres, et pour la sagesse et les autres avantages, si tu es aussi accompli que le dit Critias, alors, mon cher Charmide, tu es un heureux mortel. Voici donc l’état de la question : Si déjà tu possèdes la sagesse, comme le dit Critias, et si tu es suffisamment sage, il n’est plus besoin du charme de Zamolxis, ni d’Arabis l’Hyperboréen[1], et je puis te donner de suite le remède contre [158c] le mal de tête. Mais si tu crois qu’il te manque encore quelque chose, il faut alors te soumettre au charme, avant d’employer le remède. Dis-moi donc franchement toi-même, si tu es de l’avis de Critias, et si tu penses avoir assez de sagesse ou n’en avoir pas suffisamment.

Charmide rougit, et en cet état il semblait devenu encore plus beau ; car la modestie convenait bien à sa jeunesse ; ensuite sa réponse ne manqua pas de dignité. Il dit qu’il était embarrassant pour lui de se prononcer à l’instant [158d] pour ou contre ; car, si je nie que je sois sage, outre qu’il est absurde de porter témoignage contre soi-même, je donnerais par là un démenti à Critias et à beaucoup d’autres auprès desquels je passe pour sage, à ce qu’il dit ; et, d’autre part, si je suis de son avis et me loue

  1. Voyez Hérodote, IV, 36.