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[156d] Voyant alors qu’il était de mon avis, je repris courage ; les forces me revinrent peu-à-peu avec mon assurance première, et je poursuivis : Il en est de même de notre sentence, mon cher Charmide. Je l’ai apprise là-bas à l’armée, de l’un de ces médecins Thraces, élèves de Zamolxis, qui ont la réputation de pouvoir rendre immortel. Ce Thrace convenait que nos médecins Grecs avaient parfaitement raison dans ce que je disais tout-à-l’heure ; mais, ajoutait-il, Zamolxis, notre roi[1], qui est un dieu, [156e] prétend que si l’on ne peut entreprendre de guérir les yeux sans traiter la tête, ni la tête sans traiter le corps tout entier, on ne peut non plus guérir le corps sans soigner l’âme ; et il assure que c’est là pourquoi beaucoup de maladies échappent aux médecins grecs, parce qu’ils ne connaissent pas le tout dont il faut s’occuper, et qui ne peut aller mal sans que l’accessoire n’aille mal aussi nécessairement. L’âme, disait-il, est la source de tout bien et de tout mal pour le corps et pour l’homme tout entier ; tout vient de là, comme [157a] aux yeux tout vient de la tête. C’est donc à l’âme d’abord que sont dus nos soins les plus assidus, si nous voulons que la tête et le corps soient en bon état. Or, mon

  1. Voyez Walkenaer, sur Hérodote, IV, 94.