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Alors se prenant à rire : Assurément, dit-il, je t’y engage, Socrate.

Soit, répondis-je ; mais tu connais donc mon nom ?

Et ce serait mal à moi de ne pas le connaître, car il n’est pas peu question de toi entre nous autres jeunes gens ; d’ailleurs, il m’en souvient, étant encore enfant, je t’ai vu ici avec Critias.

C’est très bien, repris-je, mon cher Charmide ; j’en serai plus à mon aise pour causer avec toi [156b] sur la nature de cette sentence ; car je ne savais trop comment t’en expliquer la vertu. Elle n’est pas propre uniquement à guérir la tête. Ainsi, par exemple tu as peut-être déjà entendu dire à d’habiles médecins consultés pour une maladie des yeux, qu’il serait impossible d’entreprendre une cure exclusivement pour les yeux, et qu’ils étaient obligés, voulant [156c] guérir ceux-ci, de faire un traitement pour toute la tête ; que par la même raison, il ne serait pas moins absurde de croire qu’on pût traiter la tête exclusivement. Partant de là, ils composent leurs ordonnances pour tout le corps, et tâchent de guérir une partie en soignant le tout. Ne crois-tu pas que tel est leur raisonnement, et qu’il en est réellement ainsi ?

Oui, sans doute, répondit-il.

Tu admets donc ce raisonnement ?

Tout-à-fait.