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LE PREMIER ALCIBIADE.

border, et j’espère que désormais cet obstacle ne reparaîtra plus. Sache donc que pendant tout le temps de mon silence, je n’ai presque cessé de réfléchir et d’avoir les yeux ouverts sur ta conduite avec mes rivaux. Parmi ce grand nombre d’hommes orgueilleux qui se sont attachés à toi, il n’y en a pas un que tu n’aies rebuté par tes dédains ; [104a] et je veux te dire ici la cause de tes mépris pour eux. Tu crois n’avoir besoin de personne, et, qu’à commencer par le corps et à finir par l’âme, tu as trop d’avantages pour qu’aucun secours te soit nécessaire. Car, premièrement, tu te crois le plus beau et le mieux fait de tous les hommes, et, à vrai dire, il ne faut que te voir pour être bien sûr que tu ne te trompes pas : en second lieu, tu te crois de la plus illustre famille d’Athènes, qui est la première de toutes les villes grecques ; [104b] tu sais que, du côté de ton père, tu y as des amis et des alliés nombreux et puissans qui t’appuieront en toutes rencontres, et que tu n’en as pas moins, ni de moins considérables, du côté de ta mère[1] ; mais ce que tu regardes comme ta plus grande force, c’est Périclès, fils de Xan-

  1. Par son père Clinias, il descendait d’Eurisacès, fils d’Ajax ; et du côté de sa mère Dinomaque, il était Alcméonide, et descendait de Mégaclès.