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des hommes. C’est ce qui est arrivé à Aristide, fils de Lysimaque et petit-fils d’Aristide[1] : pendant qu’il fut avec moi, il profita merveilleusement en fort peu de temps ; mais ayant été obligé de partir pour quelque expédition, il s’embarqua : à son retour il me trouva lié avec Thucydide, fils de Mélésias, et petit-fils de Thucydide[2] ; [130b] mais la veille, il était survenu une querelle entre Thucydide et moi dans la conversation. Aristide étant donc venu me voir, après les premiers complimens et quelques propos : Socrate, me dit-il, je viens d’apprendre que Thucydide ose te tenir tête, et qu’il fait le superbe comme s’il était quelque chose. Et il est en effet quelque chose, lui répondis-je. Eh quoi ! reprit-il, ne se souvient-il plus quel pauvre homme c’était avant qu’il le vît ? Il ne paraît pas, lui répliquai-je. [130c] En vérité, Socrate, ajouta-t-il, il m’arrive à moi-même une chose bien ridicule. Et quoi donc ? C’est, me dit-il, qu’avant de m’embarquer, j’étais en état de m’entretenir avec qui que ce fût, et n’étais inférieur à personne dans la conversation, aussi je recherchais la compagnie des hommes les plus distingués, au lieu que présentement c’est tout le contraire ; dès que je sens qu’une personne est bien

  1. Aristide le Juste. Voyez le Lachès.
  2. Thucydide, rival de Périclès. Voyez le Lachès.