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THÉAGÈS.

Tu vois, mon père, que Socrate ne paraît guère vouloir de moi ; pour mon compte, je suis tout prêt, [128c] s’il le veut ; mais il se moque en parlant comme il fait, car je connais des jeunes gens de mon âge et d’autres plus âgés que moi, qui, avant de le fréquenter, n’avaient aucun mérite ; et qui, depuis leur liaison avec lui, ont en très peu de temps surpassé tous ceux auxquels ils étaient inférieurs auparavant.

SOCRATE.

Sais-tu donc ce qu’il en est, fils de Démodocus ?

THÉAGÈS.

Par Jupiter ! je sais que, si tu voulais, je serais bientôt comme tous ces jeunes gens.

[128d] SOCRATE.

Point du tout, mon cher ; tu ne sais ce qu’il en est ; mais je vais te le dire. La faveur céleste m’a accordé un don merveilleux qui ne m’a pas quitté depuis mon enfance ; c’est une voix qui, lorsqu’elle se fait entendre, me détourne de ce que je vais faire, et ne m’y pousse jamais[1]. Si un de mes amis me communique quelque des-

  1. Voyez le Théétète.