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SOCRATE.

Et si tu voulais devenir habile dans l'art de tirer de l'arc, ne t'adresserais-tu pas aux meilleurs tireurs, à ceux qui ont des arcs, et qui se servent continuellement de toutes sortes d'arcs et de flèches [126c] de ce pays et des pays étrangers ?

THÉAGÈS.

Assurément.

SOCRATE.

Dis-moi donc, puisque tu veux te rendre habile dans la politique, crois-tu pouvoir acquérir cette habileté en t'adressant à d'autres qu'à ces profonds politiques qui gouvernent continuellement et leur ville et plusieurs autres, et qui connaissent également les gouvernemens étrangers ? ou penses-tu qu'en conversant avec d'autres que ceux-là, tu apprendras ce qu'ils savent ?

[126d] THÉAGÈS.

Socrate, j'ai entendu rapporter quelques discours où tu faisais voir que les fils de ces politiques ne valent pas mieux que les fils des cordonniers ; et autant que j'en puis juger, c'est une vérité incontestable. Je serais donc bien insensé si je croyais que quelqu'un d'eux pût me donner