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y entendent, et lui troublent la cervelle. Jaloux d’imiter ces jeunes gens, il ne cesse de me tourmenter, me priant d’avoir soin de lui, et de donner de l’argent à quelque sophiste qui le rende habile. Ce n’est pas la dépense qui me fait peur, [122a] mais je vois que cette passion va le jeter dans un grand danger. Jusqu’ici je l’ai retenu par de bonnes paroles ; mais aujourd’hui que je ne puis plus en être le maître, je pense que le meilleur parti pour moi c’est de donner les mains à ce qu’il veut, de peur que les commerces qu’il pourrait avoir en secret, et sans ma participation, ne le corrompent. C’est pourquoi je viens aujourd’hui à Athènes pour le mettre entre les mains de quelque sophiste, et je t’ai rencontré fort à propos, car tu es celui que je souhaitais le plus consulter sur cette affaire. Si donc tu as quelque conseil à me donner sur ce que je viens de te dire, je te le demande, [122b] et tu me le dois.

SOCRATE.

Mais on dit, Démodocus, que le conseil est une chose sacrée : et s’il est sacré dans toutes les occasions de la vie, il l’est assurément dans celle-ci ; car de toutes les choses sur lesquelles l’homme peut demander conseil, il n’y en a point de plus divine que celle qui regarde l’éducation de soi-même et de ceux qui nous ap-