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vînmes que c'était l'affaire du laboureur. Et sur les sciences, qui consulterons-nous donc pour savoir le milieu qu'il faut garder en les semant ou en les plantant dans l'âme ? [135a] Sur cela, nous nous trouvâmes tous trois fort embarrassés. Puisque nous ne saurions nous tirer de là, leur dis-je en badinant, voulez-vous que nous appelions à notre aide ces deux jeunes garçons ? ou peut-être en aurions-nous honte, comme Homère dit des amans de Pénélope, qui, ne pouvant tendre l'arc, ne voulaient pas qu'aucun autre pût le faire[1]?

Quand je vis qu'ils désespéraient de trouver ce que nous cherchions, je pris un autre chemin. Je leur dis : Quelles sciences établissons-nous que doit apprendre un philosophe ? car nous sommes convenus qu'il ne doit pas les apprendre toutes, ni même un très grand nombre.

[135b] Le savant, prenant la parole, dit que les belles, les plus convenables à apprendre au philosophe étaient celles qui lui devaient faire le plus d'honneur ; et que rien ne pouvait lui en faire davantage que de paraître entendu dans tous les arts, ou du moins dans la plupart et dans les plus considérés ; qu'ainsi, il fallait qu'un philosophe eût appris tous les arts

  1. Odyssée, liv. XXI, v. 286 et suiv.