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pondit-il, qu'on se portât bien, avec peu d'exercice ?

Sur cela, je trouvai à propos de pousser un peu mon athlète, pour qu'il vînt à mon secours, avec son expérience en fait de gymnastique ; et lui adressant la parole : Pourquoi gardes-tu le silence, mon cher, quand tu l'entends parler ainsi ? crois-tu que ce soit le grand nombre d'exercices qui fassent du bien à la santé, ou un exercice modéré ?

Pour moi, Socrate, me répondit-il, il me semblait que je pense toujours comme le précepte[1], que les exercices modérés font la [134b] bonne santé. En veux-tu la preuve ? vois ce pauvre homme, avec son application à l'étude, il ne mange plus, il ne dort point, il est tout roide, et comme desséché par la méditation.

A ces paroles, les deux jeunes gens se prirent à rire, et le philosophe rougit. Je lui dis : Eh bien ! ne conviens-tu pas présentement que ce n'est ni le grand ni le petit nombre d'exercices qui font qu'on se porte bien, mais un exercice modéré ? Veux-tu donc combattre contre deux ?

[134c] S'il n'y avait que lui, me dit-il, je lui tiendrais bien tête, et tu sens que je suis en état de lui prouver ce que j'ai avancé, serait-ce une chose

  1. HlPPOCRAT. de Morbis popularibus, liv. VI, sect. 6.