Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/204

Cette page n’a pas encore été corrigée

et le plus sage des fils de Pisistrate, qui, parmi beaucoup d'autres preuves qu'il a données de sa sagesse, a le premier porté les livres d'Homère dans cette contrée, et obligé les rhapsodes à les réciter alternativement et par ordre aux Panathénées, comme ils le font encore aujourd'hui [228c] ; il envoya aussi chercher Anacréon de Téos, avec un vaisseau à cinquante rames, pour le conduire dans cette ville ; et il retint toujours auprès de lui Simonide de Céos, par les grands revenus qu'il lui donna et par des présens. Son but, en cela, était de former ses concitoyens, voulant commander à des hommes éclairés, et trop généreux pour se réserver exclusivement la possession de la sagesse. Et quand il eut ainsi répandu quelques lumières parmi les habitans de la ville, [228d] pénétrés d'admiration pour lui, il tourna ses soins vers les gens de la campagne, et éleva pour eux des Hermès dans toutes les routes placées entre la ville et chaque dème ; puis, choisissant ce qu'il trouvait de mieux dans son génie naturel ou dans ses connaissances, il le renferma dans des vers élégiaques, et l'inscrivit sur les Hermès, pour enseigner la sagesse ; [228e] de sorte que bientôt les citoyens admirèrent un peu moins ces excellens préceptes que l'on voyait inscrits à Delphes : Connais-toi toi-même ; Rien de trop ; et