Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/197

Cette page n’a pas encore été corrigée

armes qui ne vaudraient rien, croirait-il qu’il y ait là à gagner, et qu’il peut le faire ?

L’ANONYME.

Nullement.

SOCRATE.

Un joueur de flûte ou de lyre qui aurait de mauvais instrumens ; un archer qui aurait un mauvais arc ; en un mot, un ouvrier quelconque, même habile, qui aurait des outils qui ne vaudraient rien, croirait-il qu’il y ait aucun gain à en tirer ?

[226d] L’ANONYME.

Il n’est guère probable.

SOCRATE.

Qui appelles-tu donc passionné pour le gain ? Sans doute aucun de ceux dont nous venons de parler, puisqu’ils ne pensent pas pouvoir gagner à des choses qui n’ont aucune valeur. Ainsi donc, à t’entendre, mon très cher, il n’y a pas un homme qui aime le gain.

L’ANONYME.

Mais, Socrate, j’appelle passionnés pour le gain, ceux qui, par une avidité insatiable, convoitent ardemment les moindres choses qui ont [226e] peu ou point de valeur, et cherchent à y gagner.

SOCRATE.

Du moins, mon ami, ce n’est pas qu’ils croient