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sait dans quel terrain et dans quelle saison il faut les planter ? pour nous servir aussi des belles expressions dont les habiles orateurs parent leurs discours[1].

[225d] L'ANONYME.

Un agriculteur, je pense.

SOCRATE.

Mais croire que l'on peut gagner, n'est-ce pas croire qu'il y a à gagner ?

L'ANONYME.

Oui, sans doute.

SOCRATE.

N'essaie donc pas de me tromper, toi qui es encore si jeune, moi qui suis déjà [226a] vieux, en me répondant, comme tu le fais, ce que tu ne penses pas : dis-moi la pure vérité. Penses-tu qu'un agriculteur qui connaît son métier, et qui sait qu'il sème une plante sans valeur, croie qu'il ait à y gagner ?

L'ANONYME.

Non, par Jupiter !

  1. Les mots du texte, Ἐν ὁποίᾳ καὶ χώρᾳ καὶ ὧρᾳ (dans quel terrain et dans quelle saison), forment une espèce de rime impossible à rendre en français, et recherchée alors, à ce qu'il paraît, par ceux qui se piquaient de bien parler.