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L'ANONYME.

Non pas fous, mais rusés, sans probité, [225b] avides ; sachant bien que les objets sur lesquels ils spéculent n'ont aucune valeur, et cependant n'ayant pas honte d'y vouloir gagner.

SOCRATE.

Cherchons un exemple de cette passion, pour le gain. Si un agriculteur sait que la chose qu'il plante est sans valeur, et que cependant il croie pouvoir gagner à la cultiver, le regarderas-tu comme un de ceux dont nous parlons ?

L'ANONYME.

Il n'y a rien, Socrate, où l'homme épris de l'amour du gain ne croie qu'il y a quelque chose à gagner.

SOCRATE.

Prends garde de parler avec cette vivacité, comme si quelqu'un t'avait fait tort : [225c] efforce-toi plutôt de m'écouter avec attention et de me répondre comme si nous n'avions encore rien dit. Penses-tu que l'homme passionné pour le gain soit juge de la valeur des choses sur lesquelles il croit pouvoir gagner ?

L'ANONYME.

Pourquoi pas ?

SOCRATE.

Et qui est juge de la valeur des plantes ? qui