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ARGUMENT.

l’homme ne fait que sentir, jouir ou souffrir, sa sensibilité eût-elle acquis les développemens les plus riches et les plus vastes, occupât-il l’espace entier de son étendue, remplît-il le temps de sa durée, l’homme n’est pas encore, du moins pour lui-même ; il n’est, à ce degré, qu’une des forces de la nature, une pièce ordinaire de l’ordre du monde et du mécanisme universel qui agit en lui et par lui. Mais quand, parti des profondeurs de l’âme, prémédité, délibéré, voulu, l’acte libre vient s’interposer au milieu du flux et du reflux des affections et des mouvemens organiques, le miracle de la personnalité humaine s’accomplit. Tant que le sentiment de l’action volontaire et libre subsiste dans l’âme, le miracle continue, l’homme s’appartient à lui-même, et possède la conscience d’une existence qui lui est propre. Quand ce sentiment diminue, celui de l’existence décroît proportionnellement : ses divers degrés mesurent l’énergie,