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SOCRATE.

Tu as raison, cela est plus sûr que d’aller courir un si grand danger.

ALCIBIADE.

A la bonne heure, Socrate. Cependant pour te remercier du salutaire conseil que tu m’as donné, permets-moi de mettre sur ta tête cette couronne ; [151b] nous donnerons d’autres couronnes aux dieux quand je verrai arriver l’heureux jour que tu m’as promis ; il dépend d’eux qu’il ne se fasse pas long-temps attendre.

SOCRATE.

Je reçois cette couronne ; et je recevrai toujours avec plaisir tout ce qui me viendra de toi. Créon dans Euripide, voyant Tirésias avec une couronne, et apprenant qu’elle lui a été donnée par les soldats, à cause de son art, lui dit :


Je prends pour un bon augure cette couronne triomphale :
Car nous sommes dans une grande tempête, comme tu le sais[1].


Et moi aussi, je prends pour un heureux présage cette couronne que je reçois de ta main, [151c] car je ne me trouve pas dans une moindre tempête que Créon, puisqu’il s’agit, pour moi, de triompher de tous ceux qui t’aiment.


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  1. EURIPIDE, Phéniciennes, V. 865.