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mes sentimens aux tiens et à ceux du Dieu. Serait-il raisonnable que j’allasse me mettre en opposition avec le Dieu ?

SOCRATE.

Ne te souvient-il pas que tu m’as dit que tu avais grand’peur de demander aux dieux [150c] des maux sans t’en apercevoir, en voulant leur demander des biens ?

ALCIBIADE.

Je m’en souviens.

SOCRATE.

Tu vois donc qu’il n’y a pas de sûreté pour toi d’aller prier le Dieu ; car il pourrait arriver que le Dieu, t’entendant blasphémer, rejetât tes sacrifices, et que, par malheur, il t’envoyât toute autre chose que ce que tu lui demandais. Je trouve donc qu’il vaut beaucoup mieux te tenir en repos, car je ne pense pas que l’exaltation actuelle de tes sentimens, c’est le nom le plus honnête qu’on puisse donner à la folie, te permette de te servir de la prière des Lacédémoniens. [150d] C’est pourquoi il te faut attendre nécessairement que quelqu’un t’enseigne quelle conduite tu dois tenir envers les dieux et envers les hommes.

ALCIBIADE.

Et quand viendra ce temps, Socrate ? Et qui