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C’était donc inutilement qu’ils offraient des sacrifices, et qu’ils faisaient des dons aux dieux qui les haïssaient. Car la divinité n’est pas capable de se laisser corrompre par des présens, comme un usurier : et nous serions insensés de prétendre nous rendre par là plus agréables aux dieux que les Lacédémoniens. En effet il serait étrange que les dieux eussent plus d’égard à nos dons et à nos sacrifices qu’à notre âme, pour distinguer celui qui est véritablement [150a] saint et juste. Non, c’est à l’âme, selon moi, bien plus qu’aux processions et aux sacrifices ; car, ce dernier hommage , les particuliers et les états les plus coupables envers les dieux et envers les hommes peuvent très bien l’offrir chaque année régulièrement. Aussi les dieux, que la vénalité n’atteint pas, méprisent toutes ces choses, comme le dieu même et son prophète l’ont déclaré. Il y a donc bien de l’apparence que devant les dieux et devant les hommes sensés la sagesse et [150b] la justice passent avant tout. Or, il n’y a de vrais justes et de vrais sages que ceux qui dans leurs paroles et dans leurs actions savent s’acquitter de ce qu’ils doivent aux dieux et aux hommes. Je voudrais bien savoir ce que tu penses sur tout cela.

ALCIBIADE.

Pour moi, Socrate, je ne puis que conformer