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SOCRATE.

N'est-ce pas par cette raison que le poète dont il a été question au commencement, et qui en savait plus que nous, a voulu qu'on demandât aux dieux d'éloigner les maux, quand même on les demanderait ?

ALCIBIADE.

Il me semble.

SOCRATE.

Aussi, les Lacédémoniens, [148c] soit qu'ils aient imité ce poète, ou que d'eux-mêmes ils aient trouvé cette vérité, font tous les jours en public et en particulier une prière semblable ; ils prient les dieux de leur donner l'honnête avec l'utile. Jamais personne ne leur entendra demander davantage. Cependant jusqu'ici ils ont été aussi heureux qu'aucun peuple, et s'ils ont vu interrompre quelquefois le cours de leurs prospérités, [148d] on n'en saurait accuser leur prière. Car les dieux sont libres, et il dépend d'eux d'accorder ce qu'on leur demande, ou d'imposer le contraire. Je veux, à ce propos, te dire une autre histoire que j'ai entendu raconter une fois à quelques vieillards. Les Athéniens étant entrés en guerre avec les Lacédémoniens, il arriva qu'ils furent toujours battus dans tous les combats qui se donnèrent sur mer et sur