Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
ARGUMENT.

La conséquence de toute cette discussion, est qu’Alcibiade a beaucoup à apprendre avant d’être un homme d’État, et qu’il faut d’abord qu’il s’instruise et se perfectionne.

Or, la perfection d’un être n’est point ailleurs que dans la fidélité à sa propre nature, et qui ne sait quel il est, ne peut concevoir quel il doit être : le point de départ de toute perfection est la connaissance de soi-même. C’est là le fond de l’Alcibiade.

Que sommes-nous donc ? On a dit que l’homme est une intelligence servie par des organes. Il fallait dire que l’homme est une intelligence qui se sert des organes. En effet, le moi ne s’aperçoit lui-même que dans le sentiment intime du pouvoir qu’il a de se servir, quand et comment il lui plaît, de ces mêmes organes qui l’enveloppent et dont il semble le produit. Ce n’est qu’en se servant d’eux qu’il s’en distingue, et ce n’est qu’en s’en distinguant qu’il soupçonne leur existence et reconnaît la sienne. Tant que