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sée. Tu n’accuseras jamais Homère, ce poète si sage et tout divin, d’avoir ignoré qu’il n’est pas possible de mal savoir ce que l’on sait. C’est lui qui dit de Margitès, qu’il savait beaucoup de choses, [147d] mais qu’il les savait toutes mal[1]; mais il parle par énigme, et met, je pense, il savait pour son savoir, et mal pour malheureux ; cela ne pouvait pas entrer dans la composition de son vers, mais ce qu’il a voulu dire certainement, c’est que Margitès savait beaucoup de choses, et que c’était pour lui un malheureux savoir. Si beaucoup savoir était un malheur pour lui, il fallait nécessairement que ce fût un méchant homme, s’il faut s’arrêter à ce que nous avons dit plus haut.

[147e] ALCIBIADE.

Et il le faut, à ce qu’il me semble, Socrate ; je ne sais plus à quoi je croirais, si je ne me rendais à ce que tu as dit.

SOCRATE.

Ainsi véritablement tu es de mon avis ?

ALCIBIADE.

Oui, je te le répète.

  1. Vers tiré du Margitès, poème perdu, et attribué Homère. Aristote cite ce vers dans la Poétique.