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ALCIBIADE.

Non ; je fais comme tu dis.

SOCRATE.

Trouves-tu que ce soit une nécessité que celui qui est habile dans un de ces arts soit un homme sensé, ou dirons-nous [145e] qu’il s’en faut beaucoup ?

ALCIBIADE.

Il s’en faut extrêmement, Socrate.

SOCRATE.

Que dirais-tu d’une république composée d’excellens tireurs d’arc, de joueurs de flûtes, d’athlètes, et autres gens de cette sorte, mêlés avec ceux dont nous avons parlé tout-à-l’heure, qui savent faire la guerre, et condamner à mort, et avec ces orateurs enflés d’orgueil politique ; supposé qu’il leur manque à tous la science de ce qui est bien, et que parmi eux il n’y ait pas un seul homme qui sache, ni en quelle occasion, ni à quelle fin il faut employer chacun [146a] de ces arts ?

ALCIBIADE.

Je dirais, Socrate, que ce serait une assez mauvaise république.

SOCRATE.

Tu le dirais bien plus lorsque tu verrais