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[140a] SOCRATE.

Si tu veux me suivre, peut-être le trouverons-nous, en le cherchant à deux[1].

ALCIBIADE.

Je te suis de toutes mes forces.

SOCRATE.

Ne sommes-nous pas convenus que tout mal d’yeux est une maladie, et que toute maladie n’est pas un mal d’yeux ?

ALCIBIADE.

Nous en sommes convenus.

SOCRATE.

Et avec raison ; car tous ceux qui ont la fièvre sont malades ; mais tous ceux qui sont malades n’ont pas la fièvre, ou la goutte, ou mal aux yeux, [140b] je pense. Ce sont bien là des maladies ; mais, à ce que disent les médecins, on les guérit par des moyens très différens : car elles ne sont pas toutes les mêmes, et on ne les traite pas toutes de la même façon, mais chacune selon sa nature. Cependant ce sont toutes des ma-

  1. Allusion à un passage d’Homère, Iliade, liv. X, v. 224. Diomède propose d’aller la nuit dans le camp ennemi. Il saura bien y aller seul ; mais il préfère un compagnon : deux hommes qui vont ensemble voient mieux qu’un seul. Voyez le Banquet el le Protagoras.