Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée
SOCRATE.

Quand donc nous dirons que tous ceux qui ne sont pas dans leur bon sens sont en délire, nous dirons bien. Sans aller plus loin, nous le dirons des hommes de ton âge, s'il y en a qui ne soient pas dans leur bon sens, comme il y en a sans doute, et dans un âge plus avancé ; car, je te prie, ne trouves-tu pas que dans cette ville les hommes sensés sont fort rares, et que le grand nombre n'a pas de sens, c'est-à-dire, selon toi, qu'il est en délire ?

ALCIBIADE.

Sans difficulté.

SOCRATE.

Mais penses-tu que nous fussions bien en sûreté au milieu de tant de [139d] furieux, et que nous n'eussions pas déjà porté la peine de ce voisinage, reçu des coups, et essuyé toutes les insultes qu'on doit attendre de pareils hommes ? Prends donc garde, mon cher, que la chose ne soit autrement que tu ne dis.

ALCIBIADE.

Comment est-elle donc ? car je pourrais bien m'être trompé.

SOCRATE.

Il me le semble aussi, et c'est ce qu'il faut examiner de cette manière.