ver que l'esclave n'est pas esclave du maître accidentellement, mais qu'il lui appartient entièrement[1], et il arrive à cette définition de l'esclave : « Celui qui ne s'appartient pas à lui-même, mais appartient à un autre, et qui pourtant est homme, celui-là est esclave par nature. » Aristote opère sur le fait et la coutume comme sur une institution naturelle. Au lieu d'en rechercher l'origine dans l'histoire, il s'efforce d'en trouver les fondements dans la nature des choses ; il refuse d'expliquer l'esclavage par la conquête, la force et la violence ne pouvant fonder un droit ; et, par une inconcevable illusion de moralité, il semble que sa conscience n'est satisfaite que lorsqu'il s'est bien prouvé à lui-même que la distinction de maître et d'esclave est aussi nécessaire que la distinction de l'âme et du corps, de l'intelli-
- ↑ Polit., liv. I, ch. 2, § 7.