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fausseté des dépositions de quelques témoins, sur lesquelles une des parties a gagné sa cause, le jugement rendu sur de pareilles dépositions sera nul, au cas qu’il demeure prouvé que plus de la moitié des témoins a prévariqué ; et soit qu’on ait eu égard ou non à ces témoignages dans la sentence, le procès sera instruit et jugé de nouveau. On s’en tiendra à cette seconde sentence, de quelque manière que les juges prononcent.

Quoiqu’il y ait un grand nombre de bonnes choses dans la vie humaine, la plupart portent avec elles comme une peste qui les corrompt et les infecte. Comment, par exemple, ne serait-ce pas une bonne chose sur la terre que la justice, à qui on est redevable d’avoir adouci les mœurs des hommes ? Mais la justice étant une bonne chose, comment la profession d’avocat ne serait-elle pas une profession honnête ? Malgré tout cela une odieuse pratique, qui met en avant le beau nom d’art, a décrié cette profession. On possède, dit-on, au barreau certains artifices, au moyen desquels en plaidant pour soi-même ou pour d’autres, on gagne aisément sa cause, soit qu’on ait ou non le bon droit de son côté : il ne s’agit que de payer ceux qui possèdent cet art et les plaidoyers qu’ils font conformément à ses préceptes. Ce qu’il peut y avoir de plus avan-