négligent les affaires humaines, sont de deux sortes, et aussi ceux qui croient que les dieux sont aisés à fléchir. Cette distinction faite, les juges condamneront, suivant la loi, à passer cinq ans au moins dans le Sophronistère quiconque se sera laissé aller à ces opinions par défaut de jugement, et non par des passions et des mœurs corrompues. Pendant tout ce temps aucun citoyen n’aura de commerce avec lui, si ce n’est les magistrats du conseil nocturne qui iront l’entretenir pour son instruction et le bien de son ame. Lorsque le terme de sa prison sera expiré, s’il parait qu’il soit devenu plus sage, il rentrera dans le commerce des citoyens vertueux ; s’il ne s’amende point, et qu’il soit convaincu de nouveau du même crime, il sera puni de mort. A l’égard des autres qui, devenus semblables à des bêtes féroces, non seulement ne reconnaîtraient point l’existence des dieux ni leur providence ni l’inflexibilité de leur justice, mais dans leur mépris pour les hommes et par leurs séductions feraient accroire à beaucoup de vivans qu’ils savent évoquer les âmes des morts, les assurant qu’il est en leur pouvoir de fléchir les dieux, comme s’ils avaient le secret de les charmer par des sacrifices, des prières et des enchantemens, et entreprendraient ainsi de renverser de fond en comble les fortunes des particuliers et des États
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