Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/877

Cette page n’a pas encore été corrigée

tienne une parenté divine, qui te porte à les honorer et à les reconnaître. Mais tu te jettes dans l’impiété à la vue de la prospérité qui couronne les entreprises publiques et particulières des hommes injustes et méchans, prospérité qui dans le fond n’a rien de réel, mais que l’on s’exagère contre toute raison, et que les poètes et mille autres ont célébrée à l’envi dans leurs ouvrages. Peut-être encore qu’ayant vu des impies parvenir heureusement au terme de la vieillesse, laissant après eux les enfans de leurs enfans dans les postes les plus honorables, ce spectacle a jeté le trouble dans ton ame. Tu auras entendu parler, ou tu auras été spectateur d’un grand nombre d’actions impies et criminelles, qui ont servi à quelques uns de degrés pour s’élever de la plus basse condition jusqu’aux plus hautes dignités et même jusqu’à la tyrannie. Alors, je le vois bien, ne voulant pas, à cause de cette affinité qui t’unit aux dieux, les accuser d’être les auteurs de ces désordres, mais poussé par des raisonnemens insensés, comme tu ne pouvais exhaler ton indignation contre les dieux, tu en es venu à dire qu’à la vérité ils existent, mais qu’ils méprisent les affaires humaines et ne daignent pas s’en occuper. Pour empêcher que ce sentiment impie ne fasse en toi de plus grands progrès, dans le cas où