Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/718

Cette page n’a pas encore été corrigée

ront pas aux autres; ils prescriront aussi aux citoyens de ne chanter aucun poème qui n’aurait point eu l’approbation des gardiens des lois, quand même il serait plus beau que les hymnes de Thamyras et d’Orphée[1]. On se bornera aux chants approuvés et consacrés aux dieux, et aux éloges ou aux critiques composés par des poètes vertueux, et qui auront été jugés remplir convenablement leur but. Ce que j’ai dit des exercices militaires et du privilège de chanter des vers, sans avoir passé par aucune censure, s’applique également aux hommes et aux femmes. Il faut aussi que le législateur, rappelant à son esprit le but qu’il se propose, se dise à lui-même : Quels citoyens prétends -je former avec la constitution que je donne à toute la cité ? N’est-ce point des athlètes destinés aux plus grands combats, et qui ont mille adversaires en tête ? C’est cela même, pourrait-on répondre avec raison. Eh bien ! si nous avions à dresser des athlètes au pugilat, au pancrace, ou à quelque autre espèce de combat, les ferions -nous descendre dans l’arène, si auparavant nous ne les avions point

  1. Thamyras ou Tharayris était de Thrace ainsi qu’Orphée, et antérieur à Homère. On dit qu’il perdit la vue pour avoir insulté les Muses (Hom., II., II, 594 - 600), et qu’il joua le premier du luth sans s’accompagner de la voix (Plin. H. N. VII, 36).