sur les discours que nous tenons depuis ce matin, et qui nous ont sans doute été inspirés par les dieux, il m’a paru qu’ils avaient quelque chose d’approchant de la poésie. Peut-être n’est-il pas surprenant que, [811d] considérant d’une vue générale toute la suite de notre discours, j’en ressente une grande joie ; car, de tous ceux que j’ai jamais lus ou entendus, soit en vers, soit en prose, je n’en connais point de plus sensé, et de plus digne de toute l’attention de la jeunesse. Ainsi je ne crois pas pouvoir proposer rien de mieux au gardien des lois, instituteur de la jeunesse, que d’exhorter les maîtres à faire apprendre ce discours [811e] à leurs élèves : et si lui-même, soit en lisant les poètes, ou des ouvrages en prose, soit même en assistant à quelque conversation simple et non écrite, telle que la nôtre, y découvre quelque chose sur le même sujet et dans les mêmes principes, je l’exhorte à ne pas le négliger, mais à le faire mettre aussitôt par écrit ; qu’il commence par obliger les maîtres eux-mêmes à l’apprendre et à en faire l’éloge ; qu’il ne se serve pas du ministère de ceux d’entre eux, à qui de tels discours ne plairaient point, et qu’il ne confie l’instruction et l’éducation des [812a] jeunes gens qu’à ceux qui en feront le même cas que lui. Voilà ce que j’avais à dire au sujet des lettres et de ceux qui les enseignent.
Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/681
Cette page n’a pas encore été corrigée