Oui.
Quelle doit être la manière de vivre des citoyens d’un État, où chacun est pourvu d’un nécessaire honnête ; où les arts mécaniques sont exercés par d’autres ; où la culture de la terre est laissée à [806e] des esclaves, à la charge de donner à leurs maîtres une part des productions suffisante à un entretien frugal ; où il y a des salles à manger communes, les unes à part pour les hommes, les autres voisines pour leur famille, c’est-à-dire leurs filles et leurs femmes ; où des magistrats de l’un et de l’autre sexe sont chargés d’être présents tous les jours et de surveiller la conduite des assistants, de les congédier, et puis [807a] de s’en retourner chez eux avec tous les autres, après avoir fait ensemble des libations aux dieux à qui la nuit ou le jour présent sont consacrés ? Ne reste-t-il plus rien qu’il convienne, qu’il soit même-indispensable de prescrire après tous ces règlements ? Chacun d’eux vivra-t-il désormais comme une bête, uniquement occupé à s’engraisser ? Cela ne serait ni juste ni honnête ; et en menant une telle vie, il leur serait impossible d’échapper au sort qui les attend : or, le sort [807b] de tout animal paresseux et engraissé dans l’oisiveté, est de devenir la proie d’un autre animal