sité oblige ensuite à quitter quelqu’un de ces régimes approuvés, on est d’abord assailli de maladies qui dérangent la constitution, et on ne se rétablit qu’avec peine en s’accoutument à un nouveau régime. Or il faut se figurer que la même chose arrive par rapport à l’esprit des hommes et à la nature de leur âme ; car si les lois qui ont nourri l’âme ont traversé par une sorte de bonheur [798b] divin une longue suite de siècles sans changer, de sorte que personne ne se rappelle ni n’ait ouï dire qu’elles aient été autres qu’elles sont aujourd’hui ; l’âme tout entière pénétrée de respect et de crainte n’ose apporter la moindre innovation dans l’ordre établi. Il est donc du devoir d’un législateur de trouver quelque expédient pour procurer cet avantage à l’État. Or voici celui que j’imagine. On est persuadé partout, comme je disais tout à l’heure, que les changements dans les jeux des enfants ne sont eux-mêmes que des jeux, et qu’il ne peut en résulter [798c] ni un grand bien ni un grand mal. Ainsi loin de les détourner de toute nouveauté en ce genre, on cède, on se prête à leurs caprices, et on ne pense pas que nécessairement ces mêmes enfans qui ont innové dans leurs jeux, devenus hommes, seront différens de la génération qui les a précédés ; qu’étant autres, ils aspireront aussi à une autre façon de vivre, ce qui les por-
Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/650
Cette page n’a pas encore été corrigée