Ainsi la peur de la corruption lui fait rejeter le voisinage de la mer. Il veut que sa cité soit une puissance de terre et non de mer, qu'elle ne soit pas commerçante, et n'ait pas même des communications très faciles avec les autres pays, de peur que les citoyens ne prennent le goût des nouveautés et surtout celui du gain, qui donne un caractère double et frauduleux, et bannit la bonne foi et la cordialité des relations de la vie. On reconnaît encore ici l'admirateur excessif de Lacédémone, et l'influence du spectacle continuel des défauts de l'esprit mercantile. Une position maritime lui paraît incompatible avec la tempérance, et les habitudes du marin avec le véritable courage; et il trouve que c'est Marathon et Platée, et nullement Salamine, qui ont sauvé la Grèce, ce qu'il ne serait pas très aisé de prouver. Sur tout ceci Aristote a beau jeu contre son maître.
Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/58
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.