d’Hérodote). Il est un âge bien différent où l’art d’écrire est si avancé qu’on n’écrit plus du tout comme on parle. Dans le premier âge, la langue était toute synthétique ; elle est toute analytique dans celui-là ; dans l’un, la spontanéité dominait la réflexion, dans l’autre, la réflexion a étouffé toute spontanéité. Ce dernier âge est dans la prose grecque celui des Alexandrins, de Lucien et de Porphyre. Entre ces deux extrémités est l’âge heureux où la réflexion se mêle assez à la spontanéité primitive pour l’éclairer et la régulariser, pas assez pour la surmonter et en effacer l’allure et la grâce ; où l’analyse a commencé, mais où le caractère synthétique domine encore : telle est la langue du siècle de Périclès, et particulièrement celle de Platon. Ajoutez que Platon écrit dans un genre où l’abandon et la négligence ont naturellement leur place, le dialogue. L’adoption même de ce genre n’est pas un caprice ; c’est la forme naturelle de la prose philosophique de cet âge. Ainsi, Platon est un écrivain du temps de Périclès, et il fait une conversation et non pas un monologue ; de là la nécessité que son style soit à peu près celui de la conversation même, et que sa phrase, sans être aussi compliquée que celle d’Hérodote, ne soit pas aussi coupée que celle de Lucien, de là dans le détail la nécessité de cette multitude de tournures et de locutions parfaitement claires dans la
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