[782c] Nous voyons même que la coutume de sacrifier des hommes s’est conservée jusqu’à nos jours en plusieurs contrées : comme au contraire nous apprenons qu’en d’autres pays on n’osait pas même toucher à la chair de bœuf, on n’immolait point d’animaux sur les autels des dieux ; on se contentait de leur offrir des gâteaux, des fruits enduits de miel, et d’autres dons purs de sang ; on s’abstenait de l’usage de la chair, ne croyant pas qu’il fût permis d’en manger ni de souiller de sang les autels des dieux ; qu’en un mot la vie de ces temps-là ressemblait à celle qui nous est recommandée dans les mystères d’Orphée, et qui consiste à se nourrir de ce qui est inanimé et à s’interdire absolument [782d] tout ce qui a vie.
C’est en effet ce qu’on raconte, et il y a en ce récit beaucoup de vraisemblance.
On me demandera peut-être où j’en veux venir avec tout ce discours.
Cette remarque, étranger, vient à propos.
Hé bien, mon cher Clinias, je vais tâcher, si je puis, d’arriver à la conclusion.