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négliger, comme difficile à gouverner. Le manque de lois sur cet objet détruit le bon effet de beaucoup d’autres, où tout irait mieux qu’il ne va aujourd’hui, si le premier point avait été réglé par des lois. Ne prescrire aucun ordre aux femmes pour leur conduite, [781b] n’est pas seulement, comme on le pourrait croire, laisser l’ouvrage imparfait : le mal va bien au-delà, et d’autant plus loin que ce sexe a moins de disposition que le nôtre à la vertu. Il est donc plus avantageux pour le bien public, de revenir sur ce point, de réparer le défaut de cette omission, et de prescrire en commun aux hommes et aux femmes les mêmes pratiques. Mais aujourd’hui les choses sont disposées si peu favorablement à cet égard, que dans les autres lieux et les autres cités [781c] où les repas en commun n’ont jamais été établis, la prudence ne permet pas même d’en parler. Comment ne s’y rendrait-on pas ridicule, si l’on entreprenait d’assujettir les femmes à manger et à boire en public ? Il n’est rien au monde que ce sexe portât plus impatiemment. Accoutumé qu’il est à une vie cachée et retirée, il n’est point de résistance qu’il n’oppose au législateur, qui voudra le produire de force au grand jour, [781d] et à la fin son opiniâtreté l’emportera. Ainsi, par les raisons que je viens de dire, la