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murailles, chose fort nuisible à la santé des habitans, et qui de plus produit ordinairement dans leur âme une certaine habitude de lâcheté, [779a] en les invitant à se réfugier dans les murs sans faire tête à l’ennemi, et à chercher leur salut non dans l’énergie qui veille nuit et jour, mais derrière des murailles et des portes, où l’on croit pouvoir s’abandonner sans crainte au sommeil ; comme si nous étions nés pour ne pas travailler, et comme si le repos n’était pas véritablement le fruit du travail, au lieu qu’un repos honteux et la négligence engendrent d’ordinaire à leur tour les travaux. Mais enfin si l’on ne peut absolument [779b] se passer de murailles, il faut dès le commencement disposer de telle sorte les maisons des particuliers, que toute la ville ne fasse qu’un mur continu, et qu’étant toutes de la même forme et sur une même ligne, elles soient par là aisées à défendre. Ce serait en effet un beau spectacle, qu’une ville qu’on prendrait à la vue pour une seule maison, et la garde en serait infiniment plus facile et plus sûre. Tandis qu’on bâtira la ville pour la première fois, le soin de donner aux maisons cette forme, appartiendra principalement aux particuliers qui doivent les occuper. [779c] Les astynomes se chargeront d’y avoir l’œil, contraignant par la force et