encore plus pour ses intérêts. Ce bon traitement consiste à ne point se permettre d’outrages envers eux, et à être, s’il se peut, plus justes vis-à-vis d’eux qu’à l’égard de nos égaux. En effet c’est surtout dans la manière dont on en use avec ceux qu’on peut maltraiter impunément, que l’on fait voir si on aime naturellement et sincèrement la justice, et si on a une véritable haine pour tout ce qui porte le caractère d’injustice. Celui donc qui n’a rien à se reprocher de criminel ou d’injuste dans ses habitudes et ses actions par rapport à ses esclaves, [777e] sera aussi pour eux le plus habile maître de vertu. On peut porter le même jugement avec autant de raison sur la conduite que tient tout maître, tout tyran, en général tout supérieur envers ceux qui lui sont soumis. Quand un esclave a manqué, il faut le punir, et ne pas s’en tenir à de simples réprimandes, comme on ferait à l’égard d’une personne libre ; ce qui le rendrait plus insolent. Quelque chose qu’on ait à lui dire, il faut toujours prendre un ton de maître, [778a] et ne jamais plaisanter avec ses esclaves, soit hommes, soit femmes, chose que beaucoup ont coutume de faire, les gâtant par cette conduite inconsidérée, leur rendant l’obéissance plus pénible, et à eux-mêmes l’autorité plus difficile.
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