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qu’on ne doit pas s’en proposer d’autre ; mais nous voulons que vous pensiez comme nous, et que suivant nos leçons, vous ayez toujours devant les yeux ce but, dont nous avons jugé que le législateur et les gardiens des lois ne doivent jamais détourner leurs regards. Or, ce dont nous sommes convenus se réduit à un seul point essentiel, savoir, ce qui peut rendre [770d] l’homme vertueux et moralement accompli, que ce soit telle ou telle occupation, habitude, position, désir, sentiment, connaissance ; en sorte que tous les membres de la société, hommes et femmes, jeunes et vieux, dirigent tous leurs efforts vers cet objet durant toute la vie, et qu’on n’en voie jamais aucun préférer ce qui pourrait y mettre obstacle ; qu’enfin fallût-il être chassé de sa patrie, plutôt que de consentir à la voir sous le joug de l’esclavage [770e] et soumise à de mauvais maîtres, ou fallût-il se condamner volontairement à l’exil, on soit disposé à souffrir tout cela plutôt que de passer sous un autre gouvernement, dont l’effet serait de pervertir les âmes. Voilà ce dont nous sommes convenus tous trois : voilà le double point de vue[1] sous lequel vous devez ju-

  1. La vertu considérée dans la vie privée et dans la vie publique.