comme je viens de le dire. En effet, celui qui prend de toutes mains, justement et injustement, et qui ne fait aucune dépense ni juste ni injuste, est riche s’il est économe, tandis que celui qui est tout-à-fait mauvais, étant d’ordinaire déréglé et prodigue, est très pauvre. Loin de là, l’homme de bien qui ne se refuse à aucune dépense honnête, et ne connaît d’autres voies d’acquérir que celles qui sont justes, ne peut guère devenir ni excessivement riche ni excessivement pauvre. Nous avons donc raison de dire que ceux qui possèdent d’énormes richesses, ne sont pas gens de bien ; or, s’ils ne sont pas gens de bien, ils ne sont pas heureux. Cependant le but de notre législation était que nos citoyens fussent parfaitement heureux, et qu’il y eût entre eux l’union la plus étroite. Mais jamais on ne verra les citoyens unis partout où il y aura beaucoup de procès et beaucoup d’injustices: cette union ne peut se trouver qu’où les procès sont très-rares et sur de très petits objets. C’est donc pour cela que nous voulons qu’il n’y ait chez nous ni or ni argent, qu’on n’y travaille point à s’enrichir par de vils métiers, par des usures, par des trafics honteux de bétail, mais par le seul commerce des choses que produit l’agriculture, et encore de manière que
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