suspendu tout animal mortel, et qui déterminent tous ses grands mouvemens. Ainsi lorsqu’il s’agit de faire l’éloge de la vertu, il ne suffit pas de montrer qu’elle est en soi ce qu’il y a de plus honorable ; il faut encore faire voir que, si on veut en goûter, et qu’on ne l’abandonne point dès ses premiers ans comme un transfuge, elle l’emporte sur tout le reste par l’endroit même qui nous tient le plus au cœur : savoir, qu’elle procure plus de plaisirs et moins de peines durant tout le cours de la vie ; ce qu’on ne tardera point à éprouver d’une manière sensible, si on en veut faire l’essai comme il convient. Mais comment convient-il de le faire ? Il faut pour cela consulter la raison, et examiner avec elle si ce que je vais dire est conforme ou non à notre nature. Dans la comparaison des divers états relativement au plaisir ou à la peine, voici les règles qu’il faut suivre. Nous voulons du plaisir ; nous ne préférons ni ne voulons de la douleur : pour ce qui est de l’état mitoyen, nous lui préférons le plaisir, et nous le préférons à la douleur. Nous voulons tout état où il y a beaucoup de plaisir et peu de peine ; nous ne voulons point de celui où la peine l’emporte sur le plaisir. Pour l’état où les plaisirs et les peines se contrebalanceraient, il est dif-
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