pas les mêmes talens pour réussir. Quant à l’envieux qui refuserait de communiquer aux autres, par amitié, les avantages qu’il possède, on n’aura pour lui que du mépris, en prenant garde cependant de passer du mépris de sa personne à celui du bien qui est en lui, et en faisant au contraire tous ses efforts pour l’acquérir. Qu’il y ait entre tous les citoyens un combat de vertu, mais sans jalousie. Celui qui s’efforce de surpasser les autres sans les entraver par la calomnie, augmente la prospérité de l’État ; au contraire, l’envieux qui compte moins sur ses efforts que sur les obstacles qu’il oppose à ceux de ses concurrens, a lui-même moins d’ardeur et décourage les autres par les injustes censures dont il les environne ; et privant ainsi l’État de la noble ambition de la vertu, ravale autant qu’il est en lui l’honneur de sa patrie. Il faut savoir réunir beaucoup de douceur à une grande force d’ame. Lorsque les vices des autres sont montés à un tel excès qu’il est très-difficile ou même impossible de les guérir, le seul parti qui reste à prendre pour s’en garantir, c’est d’en triompher en combattant et en repoussant leurs attaques, et de les punir avec une sévérité inflexible ; or il est impossible qu’une âme vienne à bout d’une telle entreprise
Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/423
Cette page n’a pas encore été corrigée