insensé. Ni l’un ni l’autre de ces caractères ne doit faire envie, parce que le fourbe et l’ignorant n’ont point d’amis ; le temps les fait connaître pour ce qu’ils sont ; ils se préparent pour la mauvaise saison de la vie, vers la fin de leurs jours, une solitude affreuse : soit que leurs enfans et les personnes qui leur sont chères vivent ou non, on peut les regarder comme abandonnés de tout le monde. Celui qui ne commet aucune injustice mérite qu’on l’honore ; mais celui qui ne souffre pas même que les autres soient injustes, mérite deux fois autant et plus d’honneur que le premier ; l’un n’est juste que pour lui-même, l’autre l’est pour beaucoup d’autres, pour tous ceux dont il révèle l’injustice aux magistrats. A l’égard de celui qui se joint aux magistrats pour châtier de tout son pouvoir les méchans, je veux qu’on le tienne dans la cité pour un grand citoyen et un modèle accompli de vertu. Ce que je dis de la justice doit s’entendre aussi de la tempérance, de la prudence et des autres vertus qu’on peut non-seulement posséder pour soi-même, mais encore inspirer aux autres. Les plus grands honneurs seront donc pour celui qui fera germer ces vertus dans le cœur de ses concitoyens. On mettra au second rang celle qui, ayant la même volonté, n’aura
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