sa beauté n’est point dans le plaisir qu’elle donne, car le plaisir seul ne constitue pas le beau ; ni dans des combinaisons plus ou moins savantes et dans des difficultés vaincues, qui ne donnent à l'âme aucun plaisir ; mais qu’elle consiste dans un charme particulier et indéfinissable qui enlève l'âme à la vie vulgaire, et l’emporte dans un monde à part, où tout est noble, serein, pur, mélodieux : la belle musique est essentiellement morale par la moralité de ses effets. Dans ce point de vue, la musique est tout entière dans l’expression ; et ce principe admis conduit naturellement à cette conséquence, que la musique vocale est bien supérieure à la musique instrumentale, qui n’est plus bonne que comme accompagnement de la première : aussi, Platon se moque-t-il de ces prétendus artistes qui, déjà de son temps, à ce qu’il paraît, avilissaient l’art en le détournant
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