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qui ait naturellement plus de disposition que l’ame à fuir le mal et à poursuivre le souverain bien, et lorsqu’elle l’a atteint, à s’y attacher pour toujours. C’est aussi pour cette raison que je lui ai donné le second rang dans notre estime. Quiconque voudra un peu réfléchir, trouvera que dans l’ordre naturel le corps mérite la troisième place. Mais il faut examiner quels sont ici les vrais honneurs et les discerner d’avec les faux. Ce discernement appartient au législateur, et voici, ce me semble, ce qu’il nous déclare à ce sujet. Ce n’est ni la beauté, ni la force, ni la vitesse, ni la taille avantageuse, ni même, comme la plupart pourraient se l’imaginer, la santé, qui font le mérite du corps, non plus assurément que les qualités contraires ; un juste milieu entre toutes ces qualités opposées est bien plus sûr, et plus propre à nous inspirer la modération : car les premières remplissent l’ame d’enflure et de présomption ; et les secondes y font naître des sentimens bas et serviles. De même l’argent et les autres biens de fortune ne sont estimables que dans la même mesure. Les richesses excessives sont pour les États et les particuliers une source de séditions et d’inimitiés : l’extrémité opposée conduit d’ordinaire à l’esclavage. Que personne donc n’accumule des trésors en vue de