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on succombe à cette idée funeste ; on n’a pas le courage d’y résister, de raisonner avec soi-même et de se convaincre qu’on ignore si le Dieux qui règnent dans ces régions invisibles ne nous y gardent pas les biens les plus précieux pour nous. C’est encore déshonorer l’ame de la manière la plus réelle et la plus complète, que de préférer la beauté à la vertu ; car cette préférence donne au corps l’avantage sur l’ame ; ce qui est contre toute raison, puisque rien de terrestre ne doit l’emporter sur ce qui vient du ciel ; et quiconque a une autre idée de son âme, ignore combien est excellent le bien, qu’il néglige. On n’honore point non plus son âme par des présens, lorsqu’on désire d’amasser des richesses par des voies peu honnêtes, et qu’on n’est pas indigné contre soi-même de les avoir acquises ainsi ; il s’en faut de beaucoup qu’on l’honore de cette manière, puisque c’est vendre pour un peu d’or ce qui donne à l’ame sa dignité et son prix ; en effet tout l’or qui est sur la terre et dans son sein ne mérite pas d’être mis en balance avec la vertu[1]. En un mot, quiconque ne s’abstient point, autant qu’il dépend de lui, des choses que le législateur défend

  1. Allusion à l’Iliade, IX, 401