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menter en elle la vertu, s’imagine qu’il l’honore, mais il n’en est rien. Ainsi dès l’enfance tout homme se persuade qu’il est en état de tout connaître ; il croit que les louanges qu’il prodigue à son âme sont autant d’honneurs qu’il lui rend, et il s’empresse de lui accorder la liberté de faire tout ce qu’il lui plaît. Nous disons au contraire que c’est nuire à son âme au lieu de l’honorer, elle qui mérite, comme nous l’avons dit, le premier rang après les Dieux. C’est une illusion de croire honorer son âme en rejetant toujours sur les autres ses fautes et la plupart de ses défauts, même les plus considérables, et en se croyant absolument innocent ; loin de là, on lui fait par là un très-grand mal. On ne l’honore point encore, lorsque, malgré les leçons et les insinuations du législateur, on s’abandonne aux plaisirs ; mais plutôt on la déshonore, en la remplissant de maux et de remords. On la dégrade aussi, loin de l’honorer, lorsqu’au lieu de soutenir avec courage les fatigues, les douleurs et les chagrins que la loi recommande de braver, on y cède par lâcheté. On ne l’honore point davantage, lorsqu’on se persuade que la vie est le souverain bien ; au contraire on la déshonore par là ; car quand l’ame regarde tout ce qui se passe dans l’autre monde comme un mal.