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médecins est tout-à-fait juste. Jusqu’à présent aucun législateur ne semble y avoir pensé ; de deux moyens qu’ils peuvent employer pour faire observer les lois, la persuasion et la force, ils n’emploient jamais que le dernier envers la multitude ignorante : [722c] ils ne savent point mêler dans leurs lois la persuasion à la contrainte, et la force est le seul ressort qu’ils font jouer. Pour moi, mes amis, je vois qu’il est encore nécessaire d’employer, à l’égard des lois, un troisième moyen dont on ne se sert point aujourd’hui.

CLINIAS.

De quoi parles-tu ?

L’ATHÉNIEN.

D’une chose à laquelle, par je ne sais quel bonheur, notre entretien a donné naissance. En effet cette conversation sur les lois a commencé dès le matin ; il est déjà midi, et nous voilà arrivés au lieu délicieux si propre à nous délasser, sans avoir parlé d’autre chose que des lois ; et [722d] cependant nous n’avons entamé la matière à proprement parler que depuis un instant, et tout ce qui a précédé ne doit être regardé que comme un prélude. Qu’entends-je par là ? Je veux dire que dans tous les discours, et généralement partout où la voix intervient, il y a des préludes, et comme des exercices préparatoires où l’on